Ce projet représente une première en France, tant sur le plan technique qu’administratif. Grâce à l’initiative du CHU de Rouen, la réglementation sur le vol des drones évolue sous la supervision de la DSAC (Direction de la Sécurité de l’Aviation Civile). Inspirée par une expérience réussie à Göteborg, en Suède, cette innovation marque un tournant dans l’utilisation des drones pour les urgences médicales.
Lorsqu’un témoin signale un arrêt cardiaque au centre 15, l’Auxiliaire de Régulation Médicale (ARM) et le médecin régulateur mettent en place plusieurs mesures cruciales : identification de l’arrêt cardiaque, assistance et guidage à distance pour le massage cardiaque, envoi des véhicules de secours (pompiers ou ambulanciers), déploiement d’une équipe médicale (SMUR), déclenchement des citoyens sauveteurs via l’application Sauvlife, et localisation des défibrillateurs les plus proches. À terme, le déclenchement du drone défibrillateur viendra s’ajouter à ces mesures, réduisant ainsi le délai pour administrer le premier choc électrique.
Le SAMU 76A, à l’initiative de ce projet, gérera l’envoi du drone en cas d’appel pour un arrêt cardiaque suspecté dans sa zone de couverture. Delivrone, la start-up basée à Saint-Étienne-du-Rouvray (76), responsable de la réalisation du projet, assurera également son suivi opérationnel en collaboration avec Everdrone, le partenaire technologique suédois spécialisé dans la fabrication de drones d’urgence.
Actuellement testée à Forges-les-Eaux, cette solution innovante est en phase d’évaluation « en conditions réelles » pour mesurer son intégration dans la gestion des urgences médicales.
L’objectif immédiat de cette étude est de mesurer le gain de temps apporté par l’utilisation d’un drone pour la défibrillation d’une victime d’arrêt cardiaque, depuis la survenue de l’incident jusqu’à l’administration du choc électrique.
Les objectifs secondaires visent à fournir un service probant en termes de :
Augmentation de la survie des patients
Diminution des séquelles, amélioration de la qualité de vie suite à un arrêt cardiaque
Diminution des coûts de santé publique liées au handicap chez 50% des survivants
Créée en 2021, la société Délivrone utilise des drones pour répondre à divers enjeux, notamment le transport de colis pesant moins de 5 kg. Après une démonstration en mai 2021, le SAMU de Rouen a contacté Délivrone pour explorer l’utilisation de drones dans l’acheminement de défibrillateurs, afin de réduire le temps entre l’arrêt cardiaque et l’administration du choc électrique. Les discussions débutées en juin 2021 ont abouti à la mise en place de deux sites pilotes en Normandie.
Le CHU de Rouen a également signé un accord avec la société suédoise Everdrone, qui possède une expertise dans ce domaine en Suède. Everdrone fournira les drones et l’infrastructure nécessaire, y compris les bases de décollage (vertiports).
Ce projet a bénéficié du soutien financier de la Région Normandie, avec une contribution de 138 K€ pour le CHU de Rouen et de 113 K€ pour Delivrone, qui a également investi 40 K€. Au total, ce projet représente un investissement de 300 K€ pour deux installations : l’une à Forges-les-Eaux et l’autre prévue dans l’est de la Métropole Rouen Normandie.
D’ici la fin de l’année, une version plus performante de ce drone, pesant actuellement 15 kg et dotée d’une envergure de 1,5 m, sera déployée. Cette nouvelle version permettra de couvrir un périmètre étendu de 200 km², de voler à une vitesse accrue de 85 km/h, de transporter une charge jusqu’à 3 kg, et de voler même en cas d’intempéries.
Le drone est capable de :
L’arrêt cardiaque extrahospitalier touche près de 50 000 patients chaque année en France et est grevé d’un mauvais pronostic avec un taux de survie faible de l’ordre de 5% (à 30 jours).
Le pronostic des arrêts cardiaques est corrélé à la rapidité de mise en œuvre des gestes d’urgences qui peuvent se résumer en 3 actions :
La prise en charge des arrêts cardiaques représente un défi majeur en matière de santé publique, avec des conséquences significatives sur le plan humain et médico-économique. En l’absence d’une Réanimation Cardio-Pulmonaire (RCP) efficace et d’une défibrillation précoce, le taux de survie diminue en moyenne de 10 % par minute.
Pour répondre à cet enjeu, d’importantes politiques d’investissement ont été déployées pour implanter des défibrillateurs dans les lieux publics et les écoles. La France compte actuellement environ 500 000 défibrillateurs répartis sur l’ensemble du territoire, une augmentation significative depuis la loi de 2018 rendant obligatoire l’installation de défibrillateurs dans les établissements recevant du public.
Cependant, une récente étude a révélé que 30 % des défibrillateurs grand public sont hors service, en raison de vols, de dégradations ou de défauts de maintenance. De plus, de nombreux défibrillateurs grand public sont inaccessibles en dehors des horaires d’ouverture des établissements (commerces, salles de sport, etc.).
Par ailleurs, 80 % des arrêts cardiaques surviennent au domicile des victimes, ce qui pose un défi d’accessibilité rapide, en particulier dans les zones isolées éloignées des centres de secours.
Les difficultés d’accès aux défibrillateurs grand public et le manque de formation continue de la population aux gestes de secours expliquent pourquoi, en France, ces dispositifs ne sont utilisés que dans moins de 10 % des cas par les premiers témoins (source : registre RéAC). Par conséquent, la défibrillation est souvent réalisée par les équipes de secours, parfois de manière tardive, en raison de délais d’intervention parfois prolongés.
En effet, en France, le temps moyen entre l’appel et l’arrivée des secours est de 14 minutes et 52 secondes, avec de grandes disparités au sein d’un même territoire
La défibrillation précoce modifie pourtant profondément le diagnostic en multipliant par 6 les chances de survie : la survie à 30 jours est de 30,1% des cas en cas de choc électrique délivré par le défibrillateur de proximité contre seulement 4,8% en l’absence de défibrillateur.
Dans la zone d’intervention du SAMU de Rouen, près de 400 arrêts cardiaques chez des personnes de moins de 75 ans sont enregistrés chaque année.
La survie repose sur une chaîne de survie comprenant plusieurs étapes cruciales : l’appel aux services de secours, l’initiation des premiers gestes de secours par les témoins (massage cardiaque, défibrillation), puis la prise en charge par les équipes médicales pré-hospitalières et hospitalières.
Les drones défibrillateurs viennent s’ajouter à ces stratégies mises en œuvre par le SAMU et les services de secours. Leur objectif est de raccourcir le délai d’administration du premier choc électrique, ce qui peut avoir un impact significatif sur la survie et la réduction des séquelles après un arrêt cardiaque.
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