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L’hypnose médicale, l’hypnose conversationnelle, l’hypnose pour le soin, l’hypnoanalgésie, l’hypnosédation, l’hypnothérapie…, autant de termes qui illustrent la richesse des possibilités de l’hypnose dans le domaine du soin. Des techniques à l’opposé de l’hypnose de spectacle ou de l’hypnose de rue, qui ont comme principal but le soin.
C’est un état de conscience naturel différent de l’état de veille habituel, caractérisé par une réceptivité augmentée pour la suggestion mais aussi par la capacité de modifier ses perceptions. L’hypnose est accessible à chaque individu s’il le souhaite.
L’hypnose est un outil très efficace pour réduire anxiété et douleur chez le patient hospitalisé, sa famille et les soignants. Ces symptômes aggravent souvent la maladie initiale et rendent plus difficile le traitement. C’est avant tout un mode particulier de communication, une écoute attentive, un accompagnement faisant appel à notre créativité qui permet de replacer le patient, ses perceptions, ses sensations, au centre du processus de soin.
L’hypnose permet d’accueillir le patient tel qu’il est, tel qu’il dit qu’il est, sans jugement, et le guider vers les solutions qu’il a en lui pour modifier, transformer son anxiété et sa douleur en ressources pour faciliter le soin, le traitement de la maladie.
Le patient devient actif pour son mieux-être. L’hypnose ne sera jamais un anticancéreux, un antibiotique ou un culot globulaire, mais elle pourra faciliter grandement leur efficacité et leur tolérance.
Les domaines d’utilisation sont multiples : accueil du patient et des proches, soins aigus et palliatifs, prévention, douleur aiguë et chronique, anxiété de tous types, claustrophobie, syndrome dépressif, addictologie… Tous les soignants peuvent donc l’utiliser avec bénéfice tout en restant dans leur domaine de compétence.
L’hypnose une technique utile à tous les soignants
Le CHU propose à tous les soignants médicaux et paramédicaux depuis trois ans une formation interne à l’hypnose médicale.
Le mot du formateur : Yves Halfon, psychologue clinicien
L’hypnose est un mode de fonctionnement de la conscience tout à fait habituel chez l’homme, aussi important que la conscience attentive à la réalité. C’est un moment de rêverie ou de grande concentration que l’on peut provoquer par des procédés de communication avec l’accord du patient, c’est l’art du thérapeute.
Le processus hypnotique en médecine est précis : fixer l’attention du patient, soit en partant de ses préoccupations, soit en légitimant ses perceptions sensorielles immédiates, soit tout simplement en lui proposant de fixer son attention sur un objet quelconque et ensuite de le diriger vers un état de conscience dissocié de la réalité pour réduire son anxiété, sa douleur, en lui proposant des suggestions appropriées.
Depuis plus de 25 ans des consultations d’hypnose sont proposées aux patients adultes et enfants souffrant de douleurs chroniques par les médecins algologues. Gérard Ducable, médecin anesthésiste-réanimateur,
et Yves Halfon ont été les pionniers de cette activité qui n’a cessé de se développer. Actuellement, quatre médecins et deux infirmières assurent les consultations d’apprentissage de l’autohypnose au centre d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD).
Patricia Sturm, infirmière, centre de la douleur
« L’hypnose permet aux patients douloureux chroniques d’acquérir une technique différente, qui va au-delà de la relaxation, pour mieux gérer leur douleur, mieux vivre au quotidien. Monsieur X…, 52 ans, souffre depuis 2012 de douleurs des membres inférieurs après une myélite. Il se déplace en fauteuil roulant et travaille sur un poste adapté. En fin de journée, il estime à 9-10 le niveau de sa douleur sur l’échelle d’autoévaluation (EVA). Après quatre séances d’apprentissage de l’autohypnose, il fait des séances quotidiennes chez lui et réussit à diminuer de 60 % l’intensité de sa douleur. Il ne prend plus de médicament pour dormir. »l’unité
L’hypnose est intégrée et utilisée au sein de l’unité du sommeil depuis plus de vingt ans. Bénédicte LARUS, assure les consultations d’hypnose pour les patients que lui adressent les médecins de neurophysiologie. Depuis peu, l’hypnose est utilisée pour rendre plus confortables certains examens tels que l’électromyogramme ou les potentiels évoqués.
« L’accompagnement par l’hypnose nous permet d’obtenir une réponse graphique de meilleure qualité et un vécu moins douloureux pour le patient. »
« Pendant la désinfection du cuir chevelu autour des électrodes implantées en vue d’une intervention chirurgicale pour l’épilepsie, j’ai pu “faire partir le patient ailleurs” et permettre ainsi le bon déroulement du pansement pourtant douloureux. »
« L’accompagnement par l’hypnose nous permet d’obtenir une réponse graphique de meilleure qualité et un vécu moins douloureux pour le patient. »
« J’ai utilisé cette technique lors d’un électroencéphalogramme chez un enfant de trois ans, très perturbé à l’idée de dormir dans la salle d’examen sans ses parents. Passionné de voitures rouges, il est “parti” dans un monde automobile et a créé son garage à plusieurs étages. Au fil du temps, il s’est apaisé, son débit verbal s’est ralenti et il s’est endormi. À son réveil, avec un grand sourire, il a dit avoir dormi “comme mes voitures au garage” ! »
L’hypnose a considérablement transformé ma communication lors des examens en éliminant certains termes négatifs tels que « douleur » et « désagréable », au profit de mots plus apaisants comme « confortable ». J’invite les patients stressés à participer à de petits exercices visant à rendre l’examen plus confortable. Une technique couramment utilisée est l’induction par catalepsie des paupières, suivie de l’installation d’une protection avant toute intervention, en obtenant au préalable l’accord du patient. Les retours des patients suite à cette approche sont souvent positifs.
De manière plus récente, au cours de la dernière année, nous avons introduit des séances dédiées d’hypnose spécifiquement orientées vers les troubles intestinaux, notamment pour les patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable. Ces séances font désormais partie intégrante d’un programme d’hospitalisation de jour étalé sur huit semaines consécutives. Durant cette période, les patients bénéficient d’une consultation médicale, d’une consultation diététique, d’une séance d’hypnose ciblée sur l’intestin, et d’une évaluation régulière de leurs symptômes via un questionnaire.
Cette approche holistique vise à traiter non seulement les aspects physiologiques, mais aussi à prendre en compte le bien-être psychologique des patients. En intégrant l’hypnose dans ce cadre, nous cherchons à offrir une expérience complète et personnalisée, favorisant une amélioration durable de la santé digestive et globale de nos patients. »
« J’ai pu soulager des patients, en transformant la suggestion négative en suggestion positive. Par exemple : ne plus indiquer que le produit anesthésique n’est pas bon mais dire : Vous me direz ce que vous en pensez après. Ne pas dire : Est-ce que la tête tourne ? mais Comment vous sentez-vous ? Parfois, à la fin de la bronchoscopie, certains nous remercient. De mon côté, je me sens moins démunie face aux patients anxieux, j’ai “des clés” que je peux leur transmettre. »
« Une bronchoscopie est un acte invasif, empreint de nombreuses angoisses liées tant à son déroulement qu’à l’attente du diagnostic. Sauf si le patient est demandeur, j’utilise rarement le mot “hypnose” avec lui pour éviter les préjugés. Je lui propose plutôt de petites “astuces” qui vont l’aider. Libre à lui de me suivre. Le patient reste conscient tout au long de l’examen mais il peut réussir à mieux gérer le stress en randonnant en montagne, en profitant du bruit des vagues ou de l’odeur des fleurs de son jardin. Les enfants, à l’imagination débordante, sont impressionnants. Je me suis souvent retrouvée au milieu des princesses, à faire du vélo, à courir après les copains ou bien à me balader avec eux dans un zoo !
Rapidement, j’ai pu constater plus de calme chez les patients, moins de toux, et les retours qu’ils nous font sont positifs. Certains médecins, parfois réticents, ont eux aussi
constaté les bienfaits auprès des patients et sont même parfois demandeurs. L’ambiance générale de la salle d’examen est plus “zen”. »
« L’application concrète proposée par la formation du CHU m’a tout de suite intéressée : dans le domaine de la kinésithérapie, nous sommes fréquemment amenés à mobiliser des articulations raides et douloureuses. L’utilisation par exemple de la “catarsis des paupières” permet une remise en mouvement beaucoup plus confortable, autant pour le kinésithérapeute que pour son patient. Celui-ci vivra la sensation de mobilité articulaire sans l’appréhension précédant souvent la manœuvre et sans la mémorisation de la douleur qui peut suivre ce geste. Ce vécu “plus neutre” pourra l’aider à retrouver progressivement confiance en ses capacités corporelles. »
« Il m’a fallu quelques semaines avant d’oser mettre en place les techniques apprises lors de la formation. Et puis j’ai pris confiance en moi et nous avons réalisé quelques ponctions lombaires sous hypnose. Le plus difficile est finalement d’apprendre à travailler avec l’opérateur ! Les résultats ont été très positifs, de nombreux collègues ont envie de participer à la formation et nous avons beaucoup d’idées pour utiliser cette technique, nous souhaitons également mettre en place une étude comparative. »
Hôpital Charles-Nicolle
37 boulevard Gambetta – 76031 Rouen
Hôpital de Bois Guillaume
147 avenue du Maréchal Juin – 76230 Bois-Guillaume
Hôpital Saint Julien
rue Guillaume Lecointe – 76140 Le Petit-Quevilly
Hôpital de Oissel
rue Pierre Curie – 76350 Oissel
Hôpital de Boucicaut
13 rue Boucicaut – 76130 Mont-St-Aignan
Services d'urgences
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